La pollution plastique dans le monde
Deux mille milliards de déchets plastiques flottent ainsi dans le Pacifique. La cause principale réside dans les objets à usage unique, tels que les bouteilles, les pailles et les sacs de course qui ont une durée de vie utile moyenne de quelques minutes, mais mettent des centaines d’années à se dégrader avec des conséquences désastreuses sur les espèces marines. On se souvient de ce cachalot échoué avec près de 30 kilos de plastique dans l’estomac.
Par ailleurs, bien que le plastique se décompose avec le temps, les microparticules peuvent pénétrer les réserves d’eau douce. En 2017, une étude a montré que 72 % des échantillons d’eau prélevés en Europe contenaient des microplastiques. En Australie, un groupe de la protection de l’environnement du Queensland retire chaque mois plus de 10 000 objets en plastique, principalement des bouteilles, des cours d’eau locaux. Une abomination qui ne semble pas trouver de fin.
Une épidémie de plastique annoncée
Dans les années 50, environ deux millions de tonnes de plastique étaient produites chaque année dans le monde. Aujourd’hui, ce sont plus de 400 millions de tonnes. En 2017, l’industrie alimentaire ne produisait pas moins de 158 millions de tonnes de plastique à elle seule.
La moitié du volume total de plastique a été fabriquée au cours des treize dernières années, ce qui illustre parfaitement à quel point son utilité nous est bien plus importante que sa durabilité.
La croissance de la pollution plastique est en grande partie imputable à l’absence d’infrastructures robustes dédiées à la gestion des déchets. En effet, seulement 9 % du plastique jeté est recyclé. Ce constat est valable aussi bien dans les pays développés que dans les pays en voie de développement. Malheureusement, nous avons passé plus de temps à profiter du plastique dans notre quotidien, qu'à réfléchir à la façon d’en disposer de façon durable. Les solutions contre la pollution plastique sont encore loin d’être systématiquement appliquées au niveau individuel, en entreprise ainsi que dans le monde de l’industrie.
En France, alors que nous bénéficions d’une eau potable accessible directement au robinet, nous faisons partie des plus gros consommateurs de bouteilles d’eau en plastique, avec plus de neuf milliards de litres d’eau en bouteille consommés chaque année. Seule la moitié de ces bouteilles est recyclée. Force est de constater que nos mauvaises habitudes de consommation et un recyclage non-optimisé, contribuent sérieusement à la destruction de notre planète.
Vers une prise de conscience collective
L’organisation ONU Environnement offre des perspectives mondiales pour lutter contre la pollution plastique. De leur côté, les entreprises et les gouvernements retracent l’histoire du plastique et tentent de comprendre comment nous sommes arrivés à dépendre autant de cette matière non-biodégradable, un comportement révélateur de notre société de consommation.
Des grands noms de la restauration de masse, tels que MacDonald’s, aspirent à un avenir sans plastique en investissant dans :
- la responsabilité sociale de l’entreprise en adoptant des mesures spécifiques pour aider la planète en ces temps de crise environnementale ;
- une stratégie de réduction des déchets : chaque année, environ 8 millions de tonnes de plastique se retrouvent dans les océans et les consommateurs en sont de plus en plus conscients, ce qui encourage les entreprises et les grandes populations à réduire leur propre dépendance au plastique.
L’impact de la pollution plastique sur la faune et la flore a influencé de nombreuses entreprises internationales à signer des pactes pour mettre en place des solutions contre la pollution plastique. Ainsi, plus de quarante entreprises britanniques qui contribuent à hauteur de 80 % à la production des emballages plastiques se sont engagées à atteindre les quatre objectifs suivants d’ici à 2025 :
- adopter des actions innovantes pour éliminer les plastiques jetables problématiques ou inutiles ;
- rendre 100 % des emballages plastiques entièrement recyclables ;
- recycler ou composter 70 % des plastiques ;
- fabriquer 30 % des emballages plastiques à partir de matériaux recyclés.
Comment inverser la tendance destructrice de la pollution plastique ?
Nous produisons vingt fois plus de plastique aujourd'hui qu'il y a soixante ans. Selon les estimations actuelles, près de douze milliards de tonnes de plastique devraient s’accumuler dans les décharges d'ici 2050.
Heureusement, la prise de conscience sociale est bien réelle et les initiatives pour inverser la tendance se multiplient.
Des organisations, telles que The Ocean Cleanup, ont recours à la technologie pour réduire le volume de déchets plastiques jonchant les océans et espèrent que leurs systèmes de nettoyage passif élimineront jusqu'à 50 % du vortex de déchets du Pacifique Nord d'ici cinq ans.
Le projet Seabin installe des poubelles flottantes dans les ports, les ports de plaisance et les marinas, qui contribuent considérablement à l’accumulation des déchets océaniques. Ces poubelles ramassent en moyenne une demi-tonne de débris chaque année.
La société britannique Recycling Technologies a, quant à elle, développé une technologie innovante qui transforme toutes les matières plastiques en un matériau réutilisable appelé Plaxx, permettant ainsi de s’attaquer au problème des déchets non-recyclables.
Enfin, des entreprises, telles que Origin Materials, concentrent leurs efforts sur le sommet de la chaîne d'approvisionnement en proposant des bouteilles renouvelables fabriquées à partir de sciure de bois, de carton et d'autres matériaux durables.
Toutes ces initiatives offrent à notre planète un avenir plus prometteur. Cependant, pour évoluer vers une économie qui placerait la durabilité au premier plan, il faudra agir au plus haut niveau : le rapport sur la nouvelle économie du plastique, projet mené par la fondation Ellen MacArthur, plaide pour une amélioration des infrastructures et de la façon dont les producteurs conçoivent et utilisent le plastique. L'étude appelle, notamment, à repenser les emballages, afin que les déchets plastiques qui finissent habituellement en décharge puissent avoir une seconde vie une fois qu'ils ont atteint leur objectif principal. Il demande également une refonte du processus de recyclage, afin de faciliter le traitement des déchets, ce qui rendrait le processus de recyclage plus viable économiquement dans certaines régions. En effet, le coût des infrastructures de recyclage dissuade souvent les pays d’améliorer leurs efforts en matière de recyclage.
Lutter au quotidien contre la pollution plastique
La production à la hausse de plastique et le fait que 90 % des déchets plastiques se retrouvent dans les océans devraient nous alarmer sur l’avenir de notre planète. Face à cette crise, les législateurs et les entreprises du monde entier cherchent à adopter de meilleures pratiques.
Des sacs réutilisables et biodégradables à la suppression des pailles en plastique : aussi minimes puissent-elles paraître, ces étapes sont primordiales pour inverser la tendance. Les gouvernements s’efforcent de donner aux citoyens les outils nécessaires pour réutiliser ou refuser le plastique. Le message clé consiste à privilégier la durabilité au détriment de la praticité : ainsi, plutôt que d’accepter le plastique comme unique solution, nous devrions tous nous demander si le besoin est bien réel ou s’il existe une alternative durable.
L’une de ces alternatives qui semble gagner de plus en plus en popularité est le recours aux accessoires réutilisables comme les gourdes et les gobelets écoresponsables permettant de transporter ses boissons au cours de la journée sans avoir à acheter de bouteilles à usage unique en magasin ou d’utiliser plusieurs gobelets en plastique à la machine à café. Depuis longtemps déjà, les sacs réutilisables sont préconisés et largement adoptés pour faire ses courses.